Lectures du lundi de la 3e semaine de l’Avent, commentées. 15 12 2025

Lectures du lundi de la 3e semaine de l’Avent, commentées. 15 12 2025

« Jésus au Temple ». Tableau de la cathédrale Notre-Dame, de Senlis.
Photo de Rama, CC BY-SA 2.0 FR, via Wikimedia Commons.

Dans les commentaires qui suivent, certains passages peuvent être surlignés en bleu, couleur de la liberté ; justement parce qu’ils parlent de la liberté, et donc de la dignité, humaine, conformément au principe personnaliste (ou principe de la dignité humaine).  D’après Marie-Noëlle Thabut, « … si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c’est que nous ne les avons pas compris. » De façon générale, ces commentaires nous semblent éclairer notre conscience sur l’interprétation à donner aux textes bibliques, conformément au principe personnaliste précité.

Première lecture

« Un astre se lève, issu de Jacob »

Lecture du livre des Nombres (24, 2-7.15-17a).

En ces jours-là,
levant les yeux, le prophète païen Balaam
vit Israël qui campait, rangé par tribus.
L’esprit de Dieu fut sur lui,
et il prononça ces paroles énigmatiques :
« Oracle de Balaam, fils de Béor,
oracle de l’homme au regard pénétrant,
oracle de celui qui entend les paroles de Dieu.
Il voit ce que le Puissant lui fait voir,
il tombe en extase, et ses yeux s’ouvrent.
Que tes tentes sont belles, Jacob,
et tes demeures, Israël !
Elles s’étendent comme des vallées,
comme des jardins au bord d’un fleuve ;
le Seigneur les a plantées comme des aloès,
comme des cèdres au bord des eaux !
Un héros sortira de la descendance de Jacob,
il dominera sur des peuples nombreux.
Son règne sera plus grand que celui de Gog,
sa royauté sera exaltée. »

Balaam prononça encore ces paroles énigmatiques :
« Oracle de Balaam, fils de Béor,
oracle de l’homme au regard pénétrant,
oracle de celui qui entend les paroles de Dieu,
qui possède la science du Très-Haut.
Il voit ce que le Puissant lui fait voir,
il tombe en extase, et ses yeux s’ouvrent.
Ce héros, je le vois – mais pas pour maintenant –
je l’aperçois – mais pas de près :
Un astre se lève, issu de Jacob,
un sceptre se dresse, issu d’Israël. »

Psaume

Psaume 24 (25), 4-5ab, 6-7bc, 8-9

R/ Seigneur, fais-moi connaître ta route !
 
(cf. Ps 24, 4b)

4 Seigneur, enseigne-moi tes voies,
fais-moi connaître ta route.
5a Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi,
5b car tu es le Dieu qui me sauve.

6 Rappelle-toi, Seigneur, ta tendresse,
ton amour qui est de toujours.
7 Dans ton amour, ne m’oublie pas,
en raison de ta bonté, Seigneur.

8 Il est droit, il est bon, le Seigneur,
lui qui montre aux pécheurs le chemin.
9 Sa justice dirige les humbles,
il enseigne aux humbles son chemin.

Commentaires, par Marie-Noëlle Thabut, du même extrait de ce même psaume, le 1er dimanche de Carême, année B.

TU ES LE DIEU QUI ME SAUVE

Le psaume 24/25 est l’un de ceux qui nous sont proposés le plus souvent par la liturgie : ce qui veut dire qu’il doit être pour nous le modèle de la prière par excellence. Effectivement, on y trouve rassemblés les thèmes majeurs de la prière et de la foi d’Israël. Dans les quelques versets d’aujourd’hui, j’en retiens au moins trois :

Dieu nous sauve, Dieu nous enseigne, Dieu nous aime. Et c’est parce qu’il nous aime qu’il nous sauve et nous enseigne.

Premier thème : le Dieu qui sauve ; c’est le premier article du credo d’Israël, et le verbe « sauver » dans la foi juive, est synonyme de « libérer ». Dieu a libéré son peuple de l’esclavage en Égypte, d’abord ; il l’a libéré de l’Exil à Babylone, ensuite : deux expériences de salut, de libération, accompagnées l’une et l’autre d’un formidable déplacement géographique ; le don de la terre Promise, la première fois, puis le retour à Jérusalem, après l’Exil à Babylone.

Mais il y a d’autres esclavages, et donc d’autres libérations, dont voici la plus importante : Dieu en se révélant progressivement à son peuple, l’a, par le fait même, libéré des idoles ; or le pire esclavage au monde est celui de l’idolâtrie. Parce que, même en prison ou en esclavage, on peut encore arriver à garder sa liberté intérieure ; mais quand on est sous la coupe d’une idole, il n’y a plus de liberté intérieure.

Ne serait-ce pas même la définition d’une idole : ce qui occupe nos pensées au point de prendre la première place dans notre vie, et en définitive, de penser à notre place !

Ce Dieu libérateur invite ceux qui croient en lui à être à leur tour des libérateurs ; en ce début de Carême, il n’est pas inutile de nous rappeler le fameux texte d’Isaïe : « Le jeûne que je préfère, n’est-ce pas ceci : dénouer les liens provenant de la méchanceté, détacher les courroies du joug, renvoyer libres ceux qui ployaient, bref que vous mettiez en pièces tous les jougs ! N’est-ce pas partager ton pain avec l’affamé ? Et encore : les pauvres sans abri, tu les hébergeras, si tu vois quelqu’un nu, tu le couvriras : devant celui qui est ta propre chair, tu ne te déroberas pas. Alors ta lumière poindra comme l’aurore… ta justice marchera devant toi et la gloire du SEIGNEUR sera ton arrière-garde. » (Is 58,6-8).

 

IL ENSEIGNÉ AUX HUMBLES SON CHEMIN

Deuxième thème de la foi d’Israël : la Loi est un cadeau de Dieu ; c’est la conséquence de la découverte que Dieu nous libère ; la Loi est donnée à Israël pour lui enseigner à vivre en peuple libre et à devenir à son tour libérateur. « SEIGNEUR, enseigne-moi tes voies… Dirige-moi par ta vérité, enseigne-moi… Le SEIGNEUR enseigne aux humbles son chemin… Il montre aux pécheurs le chemin, sa justice dirige les humbles ».

Après avoir dicté la Loi à Moïse, Dieu lui a dit, comme une confidence : « Si seulement leur cœur était décidé à me craindre et à observer tous les jours tous mes commandements, pour leur bonheur et celui de leurs fils, à jamais ! » (Dt 5,29) et Moïse a dit au peuple : « Vous veillerez à agir comme vous l’a ordonné le SEIGNEUR votre Dieu sans vous écarter ni à droite ni à gauche. Vous marcherez toujours sur le chemin que le SEIGNEUR votre Dieu vous a prescrit afin que vous restiez en vie, que vous soyez heureux et que vous prolongiez vos jours dans le pays dont vous allez prendre possession » (Dt 5,32-33).

On notera au passage l’image du chemin : « SEIGNEUR, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route... Le Seigneur montre aux pécheurs le chemin, il enseigne aux humbles son chemin. » Et le verbe « diriger » évoque bien lui aussi l’image d’un chemin : « Dirige-moi par ta vérité… Sa justice dirige les humbles ».

L’image du chemin est typique des psaumes pénitentiels : parce que le péché, au fond, c’est une fausse route. Celui qui parle ici et qui demande à Dieu de lui indiquer le bon chemin (« SEIGNEUR, enseigne-moi tes voies, fais-moi connaître ta route… ») est un pécheur qui sait d’expérience qu’il a bien du mal par lui-même à rester sur le droit chemin. En français aussi, soit dit en passant, on emploie l’image du chemin pour désigner notre conduite morale, puisqu’on parle du « droit chemin ». Et, en hébreu, le mot « conversion » signifie « demi-tour ». Dans la Bible, le pécheur qui se convertit fait un véritable demi-tour ; il tourne le dos aux idoles, quelles qu’elles soient, qui le faisaient esclave et il se tourne vers Dieu qui le veut libre. Au fond, le véritable examen de conscience, ce pourrait être celui qui nous fait découvrir ce qui nous empêche d’être libres pour aimer Dieu et nos frères.

 

RAPPELLE-TOI, SEIGNEUR, TA TENDRESSE DE TOUJOURS

Troisième thème de la foi d’Israël : Dieu est Amour, il n’est que Don et Pardon. « Rappelle-toi, SEIGNEUR, ta tendresse, ton amour qui est de toujours » ; on reconnaît là un écho de la définition que Dieu a donnée de lui-même à Moïse dans le Sinaï : « Dieu miséricordieux et bienveillant, lent à la colère, plein de fidélité et de loyauté… » (Ex 34,6). Ce qui veut dire, une fois encore, qu’on n’a pas attendu le Nouveau Testament pour accueillir cette révélation. L’amour de Dieu est de toujours, l’Ancien Testament le sait très bien : après l’expérience de la libération d’Égypte, après la découverte de ce Dieu qui propose son Alliance à son peuple, on a pu réfléchir en termes neufs sur l’acte créateur de Dieu ; et, du coup, la conception du peuple d’Israël sur la création s’est mise à différer considérablement de celle des autres peuples. Désormais, on a compris que l’acte créateur de Dieu est un acte d’amour ; si Dieu a créé l’humanité, ce n’est pas pour satisfaire ses caprices ou son désir d’avoir des esclaves, comme on croyait en Mésopotamie, c’est par amour.

Un amour qui s’étend à l’humanité de tous les pays et de toutes les époques : c’est ce qu’exprime le récit du Déluge, qui est notre première lecture de ce premier dimanche de Carême. En Israël, quand on pense à l’Alliance proposée par Dieu à son peuple élu, on n’oublie jamais qu’elle s’inscrit dans un cadre plus large qui est l’Alliance de Dieu avec toute l’humanité.

Enfin, puisqu’il est Amour, Dieu n’attend rien en retour : l’amour est toujours gratuit, ou alors ce n’est pas de l’amour ! Il suffit de se laisser combler. Décidément ce psaume 24/25 est tout indiqué pour entrer en Carême !

Évangile

« Le baptême de Jean, d’où venait-il ? »

Alléluia, Alléluia. Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut. Alléluia. (Ps 84, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (21, 23-27).

En ce temps-là,
Jésus était entré dans le Temple,
et, pendant qu’il enseignait,
les grands prêtres et les anciens du peuple
s’approchèrent de lui et demandèrent :
« Par quelle autorité fais-tu cela,
et qui t’a donné cette autorité ? »
Jésus leur répliqua :
« À mon tour, je vais vous poser une question, une seule ;
et si vous me répondez,
je vous dirai, moi aussi, par quelle autorité je fais cela :
Le baptême de Jean, d’où venait-il ?
du ciel ou des hommes ? »
Ils faisaient en eux-mêmes ce raisonnement :
« Si nous disons : “Du ciel”,
il va nous dire :
“Pourquoi donc n’avez-vous pas cru à sa parole ?”
Si nous disons : “Des hommes”,
nous devons redouter la foule,
car tous tiennent Jean pour un prophète. »
Ils répondirent donc à Jésus :
« Nous ne savons pas ! »
Il leur dit à son tour :
« Moi, je ne vous dis pas non plus
par quelle autorité je fais cela.

Fichier audio des lectures du jour, suivies d’un commentaire de 4′ 40 » à 9′ 30 » – Merci à « Évangile et Parole du jour – Cathoglad » !

Méditation du père Gilles

Homélie du jour à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.

Homélie de la messe du jour à Notre-Dame-du-Laus.

Homélie du jour, à Notre-Dame de Paris.

Homélie de la messe du jour à Lourdes.

Commentaire de Thierry Jallas.

Comme d’habitude, j’essaie de faire le lien entre les Écritures et la DSÉ (Doctrine Sociale de l’Église), notamment le principe personnaliste. Pour rappel, une formulation de celui-ci se trouve à l’article 135 du Compendium (de la DSÉ) :
« L’homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image. […] La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. »

Il me semble que, dans l’évangile de ce jour, les grands prêtres et les anciens du peuple font une tentative de jeu de pouvoir (ou de contrainte psychologique) vis-à-vis du Christ : leur intention cachée est de le prendre en défaut. Pour cela, ils communiquent de façon peu respectueuse : au lieu d’exprimer explicitement leur propre réalité (par exemple : « Nous sommes jaloux de toi, de ton succès auprès du peuple, nous craignons que ce succès nous fasse perdre notre crédit aux yeux de la foule, etc. », ils veulent amener Jésus à exprimer des choses qui pourraient être retournées contre lui. Ils exercent une pression sur lui (et ça n’est pas la seule fois !), notamment en s’approchant de lui, seul, à plusieurs.

Méditation d’Étienne Tarneaud . Je vous invite à vous abonner gratuitement à ses méditations sur WhatsApp (le contacter au 06 20 14 00 33).

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