Supprimer deux jours fériés ? L’éclairage de la Doctrine Sociale de l’Église.
Jour férié ? (titre donné par Syndicatho) – Photo de Mikhail Nilov chez Pexels.
Parmi les récentes annonces de François Bayrou, en vue de réduire le déficit public, figure le projet de supprimer 2 jours fériés. Le lundi de Pâques et le 8 mai sont les 2 jours proposés par le Premier Ministre.
Avant de tenter d’éclairer ce projet à la lumière de la DSÉ, je vous convie à regarder cette vidéo de Sud-Radio, qui invite ses auditeurs à répondre à la question “Êtes-vous d’accord avec la suppression des 2 jours fériés annoncée par Bayrou ?” (94% répondent négativement).
Je trouve intéressantes les réflexions qui sont faites par les animateurs sur le plan d’austérité. Avant d’y revenir, voyons comment la DSÉ éclaire la question des jours fériés.
Comme je l’explique à chaque occasion, le principe de base de ladite doctrine, le principe personnaliste, est que chaque personne humaine, créée à l’image de Dieu, dispose d’une immense et inconditionnelle dignité : à ce titre, ses droits naturels (vie, liberté, propriété) doivent être respectés par tous, sans exception, y compris par l’État, qui ne doit donc sous aucun prétexte recourir à la contrainte contre elle.
En ce qui concerne les jours fériés, la bonne question n’est pas, je crois, “Faut-il supprimer des jours fériés ?” ou “Quels jours fériés pourrait-on supprimer ?” mais “À quel titre l’État est-il légitime à imposer aux employeurs de payer à leurs salariés de jours chômés (jours fériés, congés payés) ?” J’y réponds sans hésiter : “L’État n’a aucune légitimité à contraindre les salariés à prendre x jours de congés par an et les employeurs à rémunérer ces journées chômées”.
J’imagine que peu de salariés seront d’accord avec moi et croient à la fable (c’est mon opinion) des “avancées sociales” de ce type, permises par les luttes syndicales. Que penseraient lesdits salariés si l’État imposait aux salariés de travailler x journées par an sans être rémunérés pour cela par leur employeur ? Je ne crois pas que ce serait, à leurs yeux, une avancée sociale !
J’établis ici un lien avec le jour de la libération fiscale, que nous célébrons aujourd’hui en France: c’est la date à laquelle les Français cessent de travailler pour couvrir les dépenses de l’État et assurer les dépenses qu’ils engagent librement.
Je reviens sur deux autres points abordés dans l’émission de Sud-Radio :
- je regrette, moi aussi, que les dirigeants politiques, au moment d’annoncer une réforme, ne répondent jamais à la question “Comment en est-on arrivé là ?”. Je ne crois pas qu’on puisse trouver une bonne solution à un problème sans en avoir d’abord identifié les causes. J’imagine que les dirigeants politiques ne font jamais ça, car cela les amènerait à reconnaître qu’ils se trompent systématiquement et qu’ils n’ont aucune légitimité à diriger le pays.
- “En avant la production !”, aurait déclaré François Bayrou. Dans une économie où la production est de plus en plus spécialisée, la richesse produite par chacun est inversement proportionnelle à sa capacité à échanger cette richesse contre une autre de valeur équivalente. Par exemple, un salarié ne produira de la richesse que s’il trouve un employeur prêt à lui échanger sa production contre un salaire de valeur similaire. Donc moins l’échange est libre, plus il est entravé par une règlementation liberticide ou des prélèvements obligatoires imposés par la coercition, moins la richesse produite sera élevée. Ce qui me conduit à affirmer que si François Bayrou veut sincèrement faire progresser la production de richesse, il devra aller à contre-courant des usages politiques en cessant de recourir à la coercition, conformément aux principes de la DSÉ.
Thierry Jallas
Président de Syndicatho
