Commentaires (par M.-N. Thabut et d’autres) des lectures liturgiques du lundi de la 1ère semaine de l’Avent, année paire – 01 12 2025

Commentaires (par M.-N. Thabut et d’autres) des lectures liturgiques du lundi de la 1ère semaine de l’Avent, année paire – 01 12 2025

Jésus et le cendurion de Capharnaüm – Estampe gravée d’après les tableaux et dessins qui composaient le cabinet de M. Poullain.
D’après Bartholomeus Breenbergh, sans restrictions, via Wikimedia Commons

Dans les commentaires qui suivent, certains passages peuvent être surlignés en bleu, couleur de la liberté ; justement parce qu’ils parlent de la liberté, et donc de la dignité, humaine, conformément au principe personnaliste (ou principe de la dignité humaine).  D’après Marie-Noëlle Thabut, « … si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c’est que nous ne les avons pas compris. » De façon générale, ces commentaires nous semblent éclairer notre conscience sur l’interprétation à donner aux textes bibliques, conformément au principe personnaliste précité.
« Il sera la splendeur des rescapés d’Israël »

Lecture du livre du prophète Isaïe (4, 2-6)

(lecture pour l’année A (2025-2026), où la lecture (Is 2, 1-5) a été lue la veille)

Ce jour-là,
le Germe que fera grandir le Seigneur
sera l’honneur et la gloire des rescapés d’Israël,
le Fruit de la terre sera leur fierté et leur splendeur.
          Alors, ceux qui seront restés dans Sion,
les survivants de Jérusalem,
seront appelés saints :
tous seront inscrits à Jérusalem
pour y vivre.
          Quand le Seigneur aura lavé la souillure des filles de Sion,
purifié Jérusalem du sang répandu,
en y faisant passer le souffle du jugement,
un souffle d’incendie,
          alors, sur toute la montagne de Sion,
sur les assemblées qui s’y tiennent,
le Seigneur créera
une nuée pendant le jour
et, pendant la nuit, une fumée
avec un feu de flammes éclatantes.
Et au-dessus de tout,
comme un dais, la gloire du Seigneur :
          elle sera, contre la chaleur du jour, l’ombre d’une hutte,
un refuge, un abri contre l’orage et la pluie.

Psaume

Psaume 121 (122), 1-2, 3-4ab, 4cd-5, 6-7, 8-9

R/ Dans la joie, nous irons
à la maison du Seigneur.
 
(cf. Ps 121, 1)

Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !

Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu’un !
C’est là que montent les tribus,
les tribus du Seigneur,

C’est là qu’Israël doit rendre grâce
au nom du Seigneur ;
c’est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.

Appelez le bonheur sur Jérusalem :
« Paix à ceux qui t’aiment !
Que la paix règne dans tes murs,
le bonheur dans tes palais ! »

À cause de mes frères et de mes proches,
je dirai : « Paix sur toi ! »
À cause de la maison du Seigneur notre Dieu,
je désire ton bien.

Commentaire de Marie-Noëlle Thabut extrait de ses commentaires sur le psaume du 1er dimanche de l’Avent A (hier).

UNE VILLE AU DESTIN PARTICULIER

Nous avons là la meilleure traduction possible du mot « Shalom » : « Paix à ceux qui t’aiment ! Que la paix règne dans tes murs, le bonheur dans tes palais… » Quand on salue quelqu’un par ce mot « Shalom », on lui souhaite tout cela !

Ici, ce souhait est adressé à la ville de Jérusalem : « Appelez le bonheur sur Jérusalem… À cause de mes frères et de mes proches, je dirai : Paix sur toi ! À cause de la maison du SEIGNEUR notre Dieu, je désire ton bien ». Dans le nom même de « Jérusalem » il y a le mot « shalom » ; elle est, elle devrait être, elle sera la ville de la paix.

Ce souhait de paix, de bonheur adressé à Jérusalem est encore bien loin d’être réalisé ! L’a-t-il jamais été ? Vous connaissez l’histoire plutôt mouvementée de cette ville : vers l’an 1000 av.J.C. c’était une bourgade sans importance, qui s’appelait Jébus et ses habitants  les Jébusites ; c’est elle que David a choisie pour y installer la capitale de son royaume ; dimanche dernier (pour la fête du Christ-Roi – Année C), nous avions vu que la première capitale de David a été Hébron tant qu’il n’était roi que de la seule tribu de Juda ; mais un beau jour, et c’était notre lecture de dimanche dernier, les onze autres tribus se sont ralliées ; alors, très sagement, il a choisi une nouvelle capitale dont aucune tribu ne pouvait se réclamer. C’est donc Jébus devenue Jérusalem ; désormais on l’appellera la « ville de David » (2 S 6,12) ; il y transporte l’Arche d’Alliance, puis, sur l’ordre de Dieu, il achète un champ à Arauna le Jébusite avec l’intention de l’y installer ; ce champ, c’est Dieu lui-même qui en a choisi l’emplacement : Jérusalem est donc aux yeux de tous la Ville sainte, le lieu que Dieu a choisi pour y « planter sa tente ».

« Ville sainte », comme « terre sainte » ne veut pas dire « ville magique » ou « terre magique » ; elle est sainte parce qu’elle appartient à Dieu. Elle est, ou elle devrait être, elle sera la ville où l’on vit à la manière de Dieu, comme la « terre sainte » est la terre qui appartient à Dieu et où l’on doit vivre à la manière de Dieu.

Avec David, puis avec Salomon, Jérusalem connaît ses plus belles heures, mais elle est encore d’étendue modeste ; aujourd’hui elle couvre toutes les collines, mais au début elle n’occupait qu’un tout petit éperon rocheux. David y a construit son palais, puis tout naturellement il a voulu construire un Temple pour que Dieu ait lui aussi son palais.

Mais Dieu avait d’autres projets : le prophète Nathan a été chargé de calmer les élans de David et de lui annoncer que Dieu s’intéressait à son peuple beaucoup plus qu’à un Temple, si beau soit-il. Vous connaissez le fameux jeu de mots de Nathan : « tu veux construire une maison (traduisez un temple) à Dieu, mais c’est Dieu qui te construira une maison (au sens de descendance) ». On retrouve ce jeu de mots dans notre psaume : « C’est là le siège du droit, le siège de la maison de David » (au sens de descendance, c’est-à-dire la dynastie royale)… (et un peu plus loin) « À cause de la maison du Seigneur notre Dieu (le Temple), je désire ton bien. »

DANS L’ATTENTE DU MESSIE

Et le prophète Nathan annonçait encore autre chose : Dieu a promis de prolonger pour toujours la dynastie de David, c’est pourquoi, de siècle en siècle, on attend un descendant de David qui instaurera le royaume de Dieu sur la terre et son trône sera à Jérusalem.

Vous vous rappelez que ce n’est pas David qui a construit le Temple finalement ; c’est Salomon et désormais Jérusalem est devenue le centre de la vie cultuelle : trois fois par an les Juifs pieux montaient en pèlerinage à Jérusalem et, en particulier, pour la fête des Tentes à l’automne.

Vous connaissez la suite : les horreurs commises par les troupes de Nabuchodonosor, en 587 av. J.-C., la destruction du Temple, et de la ville… l’Exil à Babylone, puis le retour autorisé en 538 par le nouveau maître du Moyen-Orient, Cyrus. Jérusalem a été reconstruite et c’est pour cela que notre pèlerin du psaume 121 s’écrie « Jérusalem, te voici dans tes murs, ville où tout ensemble ne fait qu’un ! »

Mais surtout, le Temple de Salomon a été reconstruit, et Jérusalem a retrouvé son rôle de centre religieux : sa grandeur, sa sainteté lui viennent de ce qu’elle est comme un écrin pour la chose la plus précieuse du monde pour un croyant : le Temple qui est le signe visible de la Présence du Dieu invisible.

Vous avez remarqué la construction de ce psaume : comme bien souvent il y a une inclusion : le premier et le dernier versets se répondent et cette insistance est volontaire. Je vous les redis : premier verset « Nous irons à la maison du SEIGNEUR » ; dernier verset « À cause de la maison du SEIGNEUR notre Dieu, je désire ton bien ».

Cette « Maison du SEIGNEUR », ce Temple, a connu bien d’autres malheurs : la fameuse persécution d’Antiochus Épiphane l’avait transformé en temple païen (en 167 av. J.-C.) et il avait fallu se battre les armes à la main pour le récupérer et y restaurer le culte ; puis il a été détruit une deuxième fois en 70 ap. J.-C., date à laquelle les Romains l’ont incendié ; jusqu’à présent le Temple n’a jamais été reconstruit, mais Jérusalem reste la Ville sainte, et l’on attend sa restauration en même temps que la venue du Messie.

Le plus étonnant est la force de cette espérance qui s’est maintenue malgré toutes les vicissitudes de l’histoire ! Aujourd’hui encore, il est demandé à chaque Juif, où qu’il soit dans le monde, de laisser près de l’entrée de sa maison, une pièce non aménagée, ou au moins un pan de mur non peint, en souvenir de Jérusalem non encore reconstruite. Ou bien encore, où qu’ils soient, les Juifs se tournent vers Jérusalem pour la prière, et tous les jours, dans la prière, on dit « Si je t’oublie, Jérusalem, que ma main droite dépérisse ».

On ne peut pas oublier Jérusalem, parce qu’on sait que Dieu lui-même ne peut pas oublier la promesse faite à David : les prophètes, en particulier Isaïe et Michée, nous l’avons lu dans la première lecture, ont annoncé que Jérusalem serait le lieu du rassemblement de toute l’humanité ; puisque c’est la Parole de Dieu, cette révélation est toujours valable ! Aujourd’hui encore, le peuple élu reste le peuple élu. Dieu ne peut être infidèle à ses promesses ; comme dit saint Paul, « Dieu ne peut pas se rejeter lui-même » (2 Tm 2,13).

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Note

1 – La nu­mé­ro­ta­tion des Psaumes : le texte hé­breu du psau­tier et sa tra­duc­tion grec­que ont tous les deux cent cinquante psaumes, mais une lé­gère dif­fé­rence de nu­mé­ro­ta­tion (chiffre gé­né­ra­le­ment plus fort d’une uni­té dans le texte hé­breu) ; la nu­mé­ro­ta­tion hé­braï­que est en vi­gueur dans nos Bi­bles et dans la li­tur­gie pro­tes­tan­te, la nu­mé­ro­ta­tion grec­que est en usage dans tous les ou­vrages li­tur­gi­ques ca­tho­li­ques.

Complément

Ce psaume 121/122 fait partie des « cantiques des montées », ces psaumes composés tout spécialement pour les pèlerinages. Il était vraisemblablement chanté à l’arrivée aux portes de la Ville sainte. Voir le commentaire pour la Fête du Christ-Roi de l’année C.

Évangile

« Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident et prendront place au festin du royaume des Cieux »

Alléluia, Alléluia. Viens, Seigneur, notre Dieu, délivre-nous. Montre-nous ton visage et nous serons sauvés. Alléluia. (cf. Ps 79, 4)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (8, 5-11).

En ce temps-là,
comme Jésus était entré à Capharnaüm,
un centurion s’approcha de lui et le supplia :
« Seigneur, mon serviteur est couché, à la maison, paralysé,
et il souffre terriblement. »
Jésus lui dit :
« Je vais aller moi-même le guérir. »
Le centurion reprit :
« Seigneur, je ne suis pas digne
que tu entres sous mon toit,
mais dis seulement une parole
et mon serviteur sera guéri.
Moi-même qui suis soumis à une autorité,
j’ai des soldats sous mes ordres ;
à l’un, je dis : “Va”, et il va ;
à un autre : “Viens”, et il vient,
et à mon esclave : “Fais ceci”, et il le fait. »
À ces mots, Jésus fut dans l’admiration
et dit à ceux qui le suivaient :
« Amen, je vous le déclare,
chez personne en Israël, je n’ai trouvé une telle foi.
Aussi je vous le dis :
Beaucoup viendront de l’orient et de l’occident
et prendront place avec Abraham, Isaac et Jacob
au festin du royaume des Cieux. »

Fichier audio des lectures du jour, suivies d’un commentaire de 4′ 37 » à 7′ 15 » – Merci à « Évangile et Parole du jour – Cathoglad » !

Méditation du père Gilles

Homélie du jour à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.

Homélie de la messe du jour à Notre-Dame-du-Laus.

Homélie de la messe du jour à la basilique d’Ars.

Homélie du jour, à Notre-Dame de Paris.

Homélie de la messe du jour à Lourdes.

Méditation d’Étienne Tarneaud . Je vous invite à vous abonner gratuitement à ses méditations sur WhatsApp (le contacter au 06 20 14 00 33).

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