Commentaires (par M.-N. Thabut, le père Gilles, Cathoglad, etc.) des lectures du jeudi de la 2e semaine de l’Avent – 11 12 2025

Commentaires (par M.-N. Thabut, le père Gilles, Cathoglad, etc.) des lectures du jeudi de la 2e semaine de l’Avent – 11 12 2025

« Jésus baptisé par saint Jean Baptiste dans le Jourdain », par un anonyme hollandais, du VIe siècle.
Panneau central d’un retable (tryptique). Peinture à l’huile sur panneau de bois.
Musée des Augustins , domaine public, via Wikimedia Commons.

Dans les commentaires qui suivent, certains passages peuvent être surlignés en bleu, couleur de la liberté ; justement parce qu’ils parlent de la liberté, et donc de la dignité, humaine, conformément au principe personnaliste (ou principe de la dignité humaine).  D’après Marie-Noëlle Thabut, « … si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c’est que nous ne les avons pas compris. » De façon générale, ces commentaires nous semblent éclairer notre conscience sur l’interprétation à donner aux textes bibliques, conformément au principe personnaliste précité.

Première lecture

« Ton rédempteur, c’est le Dieu Saint d’Israël »

Lecture du livre du prophète Isaïe (41, 13-20).

C’est moi, le Seigneur ton Dieu,
qui saisis ta main droite,
et qui te dis :
« Ne crains pas, moi, je viens à ton aide. »
Ne crains pas, Jacob, pauvre vermisseau,
Israël, pauvre mortel.
Je viens à ton aide – oracle du Seigneur ;
ton rédempteur, c’est le Saint d’Israël.
J’ai fait de toi un traîneau à battre le grain,
tout neuf, à double rang de pointes :
tu vas briser les montagnes, les broyer ;
tu réduiras les collines en menue paille ;
tu les vanneras, un souffle les emportera,
un tourbillon les dispersera.
Mais toi, tu mettras ta joie dans le Seigneur ;
dans le Saint d’Israël, tu trouveras ta louange.
Les pauvres et les malheureux cherchent de l’eau,
et il n’y en a pas ;
leur langue est desséchée par la soif.
Moi, le Seigneur, je les exaucerai,
moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas.
Sur les hauteurs dénudées je ferai jaillir des fleuves,
et des sources au creux des vallées.
Je changerai le désert en lac,
et la terre aride en fontaines.
Je planterai dans le désert le cèdre et l’acacia,
le myrte et l’olivier ;
je mettrai ensemble dans les terres incultes
le cyprès, l’orme et le mélèze,
afin que tous regardent et reconnaissent,
afin qu’ils considèrent et comprennent
que la main du Seigneur a fait cela,
que le Saint d’Israël en est le créateur.

Psaume

Psaume 144 (145), 1.9, 10-11, 12-13ab

R/ Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour.
(Ps 144, 8)

1 Je t’exalterai, mon Dieu, mon Roi,
je bénirai ton nom toujours et à jamais !
9 La bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres,

10 Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
11 Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits,

12 Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l’éclat de ton règne :
13 ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.

Commentaires, par Marie-Noëlle Thabut, du psaume 144, dans la liturgie du 5e dimanche de Pâques C.

Ce jour-là, la version du psaume 144 (145) qui est proposée diffère un peu de celle d’aujourd’hui : le verset 1 en est absent, remplacé par le verset 8 qui est ici choisi uniquement comme refrain.

LE SENS DES PSAUMES ALPHABÉTIQUES

Le psaume 144 (145) que la liturgie a sélectionné pour ce cinquième dimanche de Pâques comporte en réalité vingt-et-un versets alors que nous venons d’en entendre seulement six… Bien sûr, c’est un peu frustrant de ne l’entendre que partiellement, mais on peut aussi se demander pourquoi ces six versets-là précisément et alors, cela devient très intéressant.

Vingt-et-un versets, autant que de lettres dans l’alphabet hébreu* ; nous savons déjà que ce n’est pas un hasard : qui plus est, ce psaume est vraiment alphabétique en ce sens qu’il s’agit de ce qu’on appelle un acrostiche ; chaque verset commence réellement par une des lettres de l’alphabet hébreu, dans l’ordre alphabétique… nous avons acquis le réflexe : en face d’un psaume alphabétique, nous savons d’avance qu’il s’agit d’un psaume d’action de grâce pour l’Alliance : manière de dire « toute notre vie, de A à Z, (en hébreu de aleph à tav) baigne dans l’Alliance, dans la tendresse de Dieu ».

Mais pourquoi ce psaume 144 (145) aujourd’hui ? Et pourquoi non pas la totalité du psaume, mais ces six versets précisément ?

Première remarque : ce psaume figure dans la prière juive de chaque matin : pour le Juif croyant, le matin (l’aube du jour neuf) évoque irrésistiblement l’aube du JOUR définitif, celui du monde à venir, celui de la création renouvelée… On voit immédiatement la résonance qu’il prend alors pour nous, chrétiens, en ce temps pascal… notre foi, c’est précisément que le Jour du Règne définitif de Dieu est déjà inauguré sous nos yeux par la Résurrection du Christ.

Si nous allons un peu plus loin dans la spiritualité juive, le Talmud (c’est-à-dire l’enseignement des rabbins des premiers siècles après J.-C.), affirme que celui qui récite ce psaume trois fois par jour, « peut être assuré d’être un fils du monde à venir ». Or pour nous chrétiens, encore une fois, le monde à venir dont parle la foi juive, c’est justement la création renouvelée par Jésus-Christ.

Si l’on regarde d’un peu plus près les six versets précis qui ont été retenus pour aujourd’hui, il me semble premièrement qu’on a là un condensé de la Révélation à la fois très complet et très concis… et, deuxièmement, qu’il entre en résonance parfaite avec les accents du temps pascal et, en particulier, les autres lectures de ce dimanche… 

Premier verset entendu aujourd’hui : « Le SEIGNEUR est tendresse et pitié, lent à la colère et plein d’amour ». C’est le meilleur résumé qu’on puisse donner de toute la révélation biblique : puisque c’est le nom que Dieu a donné de lui-même à Moïse (Ex 34,6).

Deuxième verset : « La bonté du SEIGNEUR est pour tous, sa tendresse pour toutes ses œuvres » ; la tendresse et la pitié du Seigneur dont le peuple élu a eu le premier la Révélation, elles sont POUR TOUS ! Et cela, c’est une énorme découverte pour l’humanité… une découverte que nous devons au peuple élu… C’est un thème que nous avons rencontré déjà à plusieurs reprises dans l’Ancien Testament : Dieu aime toute l’humanité et son projet d’amour, son « dessein bienveillant », comme dit Paul, concerne toute l’humanité.

Aujourd’hui, nous entendons une résonance particulière avec le livre des Actes des Apôtres que nous lisons pendant tout le temps pascal : en particulier, le récit du livre des Actes proposé en première lecture dans la même messe de ce cinquième dimanche de Pâques insiste justement sur le fait que l’annonce de l’amour de Dieu n’est pas réservée aux Juifs, mais est proposée à toutes les nations païennes comme dit saint Luc… soit dit en passant, c’est pour cela que nous sommes nous aussi croyants, plus de deux mille ans plus tard, même si nous ne sommes pas d’origine juive.

NOTRE PÈRE, QUE TON RÈGNE VIENNE !

Une autre particularité de ce psaume, et surtout des versets lus aujourd’hui : il insiste sur la royauté de Dieu : « Tes fidèles diront la gloire de ton règne, ils parleront de tes exploits, ils annonceront aux hommes tes exploits, la gloire et l’éclat de ton règne : ton règne, un règne éternel, ton empire pour les âges des âges »… quatre fois le mot  « règne », (sans parler du mot « empire »)… deux fois le mot « exploit ». 

Nous savons bien que le mot « exploit » dans la Bible est toujours une référence à la libération d’Égypte : Dieu a libéré son peuple… je ne devrais pas dire « Dieu A LIBÉRÉ » comme si c’était du passé… la foi juive dit « Dieu libère aujourd’hui son peuple, et ce depuis la première libération »…).

Et, bien sûr, la libération ultime, c’est la victoire sur la mort. Ce psaume est donc tout particulièrement indiqué pour le temps pascal ; le Ressuscité du matin de Pâques expérimente dans sa chair la royauté de Dieu.

Si vous avez le courage de vous rapporter au texte complet de ce psaume, vous verrez qu’il y a une parenté très grande entre ce texte et celui du Notre Père : par exemple, le Notre Père s’adresse à Dieu à la fois comme à un Père : « Notre Père… donne-nous… pardonne-nous… délivre-nous du mal… »… un père qui est le Dieu de tendresse et de pitié dont parle ce psaume… ET comme à un roi (que ton Règne vienne) … Soit dit en passant, ce rapprochement n’a rien d’étonnant quand on sait que toutes les phrases rassemblées par Jésus dans le Notre Père faisaient déjà partie, de son temps, des prières habituelles des Juifs !

Je reviens à notre psaume : très certainement, quand le peuple d’Israël composait ce psaume, cette insistance sur la royauté de Dieu, ou sur son empire, était une manière de dire : plus jamais nous ne ferons confiance à des idoles : notre seul roi, notre seul maître, c’est Dieu, le Dieu d’amour… » le Dieu de tendresse et de pitié, lent à la colère et plein d’amour ».

Quand les fidèles du Christ disent ce psaume à leur tour, ils savent de quoi ils parlent, si j’ose dire : en Jésus-Christ, le roi serviteur, le roi humble de la Passion ET triomphant de la mort par la Résurrection, ils ont découvert la présence du roi de l’univers : » Qui m’a vu a vu le Père » disait Jésus à ses apôtres.

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* Selon que l’on compte pour une ou deux lettres le signe Sin/Shin (le même signe se prononce tantôt Sin, tantôt Shin), on comptabilisera 21 ou 22 lettres dans l’alphabet hébreu. Les grammairiens nomment les deux signes Sin et Shin, et comptent donc 22 lettres dans l’alphabet, le psalmiste, lui, n’a utilisé que la lettre Shin et donc 21 versets.

Évangile

« Personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste » (Mt 11, 11-15)

Alléluia, Alléluia. Ciel, répands ta rosée ! Nuées, faites pleuvoir le juste ! Terre, ouvre-toi, que germe le Sauveur ! Alléluia. (cf. Is 45, 8)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu (11, 11-15)

En ce temps-là,
Jésus déclarait aux foules :
« Amen, je vous le dis :
Parmi ceux qui sont nés d’une femme,
personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ;
et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux
est plus grand que lui.

Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent,
le royaume des Cieux subit la violence,
et des violents cherchent à s’en emparer.
Tous les Prophètes, ainsi que la Loi,
ont prophétisé jusqu’à Jean.
Et, si vous voulez bien comprendre,
c’est lui, le prophète Élie qui doit venir.
Celui qui a des oreilles,
qu’il entende ! »

Fichier audio des lectures du jour, suivies d’un commentaire de 4′ 25 » à 12′ 40 » – Merci à « Évangile et Parole du jour – Cathoglad » !

Méditation du père Gilles

Homélie du jour à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.

Homélie de la messe du jour à Notre-Dame-du-Laus.

Homélie de la messe du jour à la basilique d’Ars.

Homélie du jour, à Notre-Dame de Paris.

Homélie de la messe du jour à Lourdes.

Méditation d’Étienne Tarneaud . Je vous invite à vous abonner gratuitement à ses méditations sur WhatsApp (le contacter au 06 20 14 00 33).

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