Lectures du 29 décembre (5e jour dans l’octave de Noël), commentées.

Lectures du 29 décembre (5e jour dans l’octave de Noël), commentées.

« Syméon et Anne au Temple« , peint en 1627 par Rembrandt (1606–1669) – Kunsthalle (centre d’art) de Hambourg. Huile sur chêne, 56 cm x 44 cm.
Domaine public, via Wikimedia Commons.

Dans les commentaires qui suivent, certains passages peuvent être surlignés en bleu, couleur de la liberté ; justement parce qu’ils parlent de la liberté, et donc de la dignité, humaine, conformément au principe personnaliste (ou principe de la dignité humaine).  D’après Marie-Noëlle Thabut, « … si nous ne trouvons pas dans les textes une parole libérante, c’est que nous ne les avons pas compris. » De façon générale, ces commentaires nous semblent éclairer notre conscience sur l’interprétation à donner aux textes bibliques, conformément au principe personnaliste précité.

Première lecture

« Celui qui aime son frère demeure dans la lumière »

Lecture de la première lettre de saint Jean (2, 3-11).

Bien-aimés,
3 voici comment nous savons que nous connaissons Jésus Christ :
si nous gardons ses commandements.
4 Celui qui dit : « Je le connais »,
et qui ne garde pas ses commandements,
est un menteur :
la vérité n’est pas en lui.
5 Mais en celui qui garde sa parole,
l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection :
voilà comment nous savons que nous sommes en lui.
6 Celui qui déclare demeurer en lui
doit, lui aussi, marcher
comme Jésus lui-même a marché.

7 Bien-aimés, ce n’est pas un commandement nouveau
que je vous écris,
mais un commandement ancien
que vous aviez depuis le commencement.
La parole que vous avez entendue,
c’est le commandement ancien.
8 Et pourtant, c’est un commandement nouveau
que je vous écris ;
ce qui est vrai en cette parole
l’est aussi en vous ;
en effet, les ténèbres passent
et déjà brille la vraie lumière.
9 Celui qui déclare être dans la lumière
et qui a de la haine contre son frère
est dans les ténèbres jusqu’à maintenant.
10 Celui qui aime son frère demeure dans la lumière,
et il n’y a en lui aucune occasion de chute.
11 Mais celui qui a de la haine contre son frère
est dans les ténèbres :
il marche dans les ténèbres sans savoir où il va,
parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux.

Commentaires de Bibliquest.

2:3-4

Nous considérons maintenant une autre affirmation, faite à tort maintes fois : « je Le connais ». Il est en effet possible que le croyant dise avec un grand bonheur qu’il connaît Dieu, puisque la « communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ » nous est accordée, et il ne peut pas y avoir de communion sans connaissance. Mais là encore, un test est nécessaire pour déterminer si une telle affirmation n’est qu’une simple prétention. Ce test, c’est l’obéissance aux commandements qu’Il nous a donnés. Connaître Dieu est inséparable de Lui obéir.

En gardant Ses commandements, nous savons que nous sommes arrivés à Le connaître. En dehors de cette obéissance, il ne peut pas y avoir cette connaissance, et si on prétend quand même Le connaître, cela ne fait que manifester que la vérité n’est pas chez celui qui a cette prétention. Comparez les versets 2:4 et 1:8. La vérité n’est pas dans celui qui affirme ne pas avoir de péché, pas plus qu’elle n’est dans celui qui affirme avoir la connaissance de Dieu, et qui malgré cela n’est pas obéissant à Ses commandements.

Il nous faut bien comprendre qu’il y a des commandements dans le christianisme, bien qu’ils ne soient pas d’ordre légal ; par cela nous voulons dire qu’ils ne nous sont pas donnés pour pouvoir établir ou maintenir notre position devant Dieu par leur moyen. Toute expression précise de la volonté de Dieu a force de commandement, et nous verrons que cette épître a beaucoup à nous dire sur Ses commandements, et qu’ils ne sont pas « pénibles » (5:3). La loi de Christ est une loi de liberté, du fait que nous participons à Sa vie et à Sa nature.

2:5

De « garder Ses commandements », nous passons à « garder Sa parole », au v. 5. C’est un pas de plus. Sa parole comprend tout ce qu’Il nous a révélé de Ses pensées et de Sa volonté, y compris Ses commandements bien sûr, mais allant au-delà. Un homme pourrait donner à ses fils beaucoup d’instructions précises — ses commandements. Mais outre cela, ses fils ont comme glané une connaissance intime de ses pensées au cours de leurs entretiens journaliers et de leurs rapports mutuels pendant des années et, même en l’absence d’instructions précises, ils observent soigneusement ses paroles avec une dévouement filial. C’est ainsi qu’il devrait en être des enfants de Dieu. Quand c’est le cas, l’amour de Dieu est « véritablement consommé » [ou : « rendu parfait »], car il a produit en eux ses propres effets et ses propres réponses.

En outre, par une telle obéissance « nous savons que nous sommes en lui ». Être « en Lui » implique notre participation à Sa vie et à Sa nature. Il y a bien sûr un lien très étroit entre savoir « que nous Le connaissons » (2:3), et savoir « que nous sommes en Lui » (2:5). Le second nous introduit dans quelque chose de plus profond. Les anges Le connaissent et obéissent à Ses commandements. Il faut que nous Le connaissions comme ceux qui sont en Lui, et dès lors nous comprendrons la moindre indication de Ses pensées ou de Ses désirs, et cela nous incitera à une obéissance heureuse.

2:6

Étant en Lui, nous avons à « demeurer en Lui », ce qui signifie, comme nous le comprenons, demeurer dans la conscience et la puissance d’être en Lui. Il est facile pour n’importe qui de nous de dire : « je demeure en Lui » ; mais s’il en est ainsi, nous devons produire ce qui prouve la réalité de cette affirmation. Une telle personne « doit aussi marcher comme Lui a marché ». Si nous sommes dans Sa vie, et aussi dans la puissance et la jouissance de cette vie, cette vie doit nécessairement s’exprimer dans nos voies et nos activités, comme cela a eu lieu en Lui. La grâce et la puissance de notre marche comparée à la Sienne, seront pauvres et faibles, mais ce sera pourtant une marche du même ordre. Il n’y aura pas de différence de nature mais seulement de degré.

2:7-8a

Quelle élévation extraordinaire devrait donc caractériser notre marche ! Combien nous sommes au-delà du niveau accepté au temps de l’Ancien Testament ! Quand Jean écrivait ces paroles, un bon nombre a dû se sentir porté à protester que le niveau attendu était trop haut et qu’il introduisait quelque chose de tout nouveau. C’est pourquoi au v. 7 il les assure de ce qu’il ne disait pas quelque chose de nouveau — comme les enseignements des antichrists, qui eux étaient nouveaux — mais que c’était plutôt un commandement ancien. En même temps, dans un autre sens, c’était un commandement nouveau. Cela ne se contredit pas, bien que ce soit un paradoxe. C’était un commandement ancien car il avait déjà été mis en évidence dès le commencement en Christ, comme étant la sainte volonté de Dieu et Son plaisir pour l’homme : il n’y avait donc rien en lui qui ressemblât aux notions nouvelles des Gnostiques. Cependant c’était un nouveau commandement, car il devait être maintenant mis en évidence en ceux qui étaient de Christ, et en cela, c’était comme du nouveau pour eux. La chose, dit Jean, « est vraie en Lui et en vous ». La vie qui a été manifestée en Christ, et qui en premier lieu était exclusivement en Lui, doit se trouver maintenant dans les croyants qui sont en Lui. Tant qu’ils demeurent en Lui, la vie s’exprimera en eux de la même manière, et produira des fruits semblables.

2:8b

Et nous lisons donc : « La vraie lumière luit déjà ». Entre la vie et la lumière il y a le lien le plus étroit possible. Si la vraie vie a été manifestée en Christ, la vraie lumière a également brillée en Lui. Si nous participons à cette vraie vie, la vraie lumière brillera aussi en nous. « Les ténèbres s’en vont », écrit l’apôtre, et non pas : « sont passées ». Il faudra attendre jusqu’au monde à venir pour dire qu’elles sont passées, cependant il est clair qu’elles s’en vont [qu’elles sont en train de s’en aller], car la vraie lumière a commencé à briller en Christ et dans les Siens. Quand Dieu agira en jugement et que la fausse vie et la fausse lumière de ce monde seront chassées, alors les ténèbres seront effectivement passées. Actuellement nous pouvons nous réjouir dans l’assurance qu’elles s’en vont, et que la vraie lumière brille. Plus nous marcherons comme Lui a marché, plus la lumière brillera effectivement par nous.

2:9

Mais en outre, si la lumière va désormais briller en nous et par nous, il faut que nous soyons nous-mêmes dans la lumière. Prétendons-nous être dans la lumière ? Eh bien, il y a un test simple par lequel on peut savoir si cette déclaration est authentique. Si quelqu’un dit être dans la lumière et qu’il haïsse son frère, sa déclaration est fausse et il est dans les ténèbres, c’est-à-dire qu’il ne connaît pas réellement Dieu — il n’est pas dans la lumière de Dieu révélée en Christ. Personne ne peut être dans la lumière de Dieu s’il n’a pas la vie de Dieu, qui est amour. C’est pourquoi un peu plus loin dans l’épître nous lisons que « celui qui n’aime pas son frère demeure dans la mort » (3:14). Nous découvrons donc maintenant que la vie, la lumière et l’amour vont tous de pair ; et dans la nature même des choses, ils fonctionnent comme des tests l’un vis-à-vis de l’autre. Celui qui aime son frère manifeste la vie, selon le ch. 3. Ici, l’accent est mis sur le fait qu’il demeure dans la lumière.

2:10-11

Jean ajoute la remarque : « il n’y a point en lui d’occasions de chute » (2:10). C’est en contraste avec ce qui suit au verset 11 où celui qui hait son frère est décrit comme étant dans les ténèbres, marchant dans les ténèbres, et ne sachant pas où il va. Nous n’avons pas de lumière en nous, tout comme la lune n’a de lumière que quand elle est dans la lumière du soleil. Ainsi celui qui hait son frère, étant dans les ténèbres, est entièrement ténèbres lui-même, et il devient par conséquent une occasion de chute pour les autres. Il trébuche lui-même et agit comme une pierre d’achoppement. Tels étaient les antichrists et leurs adeptes. Celui qui aime, comme fruit de ce qu’il possède la vie divine, marche dans la lumière et ne trébuche pas ni n’est une pierre d’achoppement.

Aimer son frère, c’est bien sûr aimer tous ceux qui pareillement à nous, sont nés de Dieu ; c’est aimer chacun d’eux. C’est l’amour, divin par nature, étendu à tous ceux qui sont entrés dans la famille divine, — l’amour qui aime les enfants de Dieu en tant qu’enfants de Dieu, indépendamment des préférences ou aversions humaines.

Psaume 95, 1-2a, 2b-3, 5b-6

R/ Joie au ciel ! Exulte la terre ! (95, 11a)

Chantez au Seigneur un chant nouveau,
chantez au Seigneur, terre entière,
chantez au Seigneur et bénissez son nom !

De jour en jour, proclamez son salut,
racontez à tous les peuples sa gloire,
à toutes les nations ses merveilles !

Lui, le Seigneur, a fait les cieux :
devant lui, splendeur et majesté,
dans son sanctuaire, puissance et beauté.

Commentaires écrits de Marie-Noëlle Thabut, bibliste, sur le psaume entier, à l’occasion de la messe de la nuit de Noël.

PSAUME  95 (96)

1   Chantez au SEIGNEUR un chant nouveau,
     chantez au SEIGNEUR, terre entière,
2   chantez au SEIGNEUR et bénissez son nom !

     De jour en jour proclamez son salut,
3   racontez à tous les peuples sa gloire,
     à toutes les nations, ses merveilles !

4   Il est grand, le SEIGNEUR, hautement loué,
     redoutable au-dessus de tous les dieux :
5   néant tous les dieux des nations !

     Lui, le SEIGNEUR, a fait les cieux :
6   devant lui, splendeur et majesté,
     dans son sanctuaire, puissance et beauté.

7   Rendez au SEIGNEUR, familles des peuples,
     rendez au SEIGNEUR la gloire et la puissance,
8   rendez au SEIGNEUR la gloire de son nom.

     Apportez votre offrande, entrez dans ses parvis,
9   adorez le SEIGNEUR, éblouissant de sainteté :
     tremblez devant lui, terre entière.

10 Allez dire aux nations : « Le SEIGNEUR est roi ! »
     le monde, inébranlable, tient bon.
     Il gouverne les peuples avec droiture.

11 Joie au ciel ! Exulte la terre !
     Les masses de la mer mugissent,
12 la campagne tout entière est en fête.

     Les arbres des forêts dansent de joie
13 devant la face du SEIGNEUR, car il vient,
     car il vient pour juger la terre.

     Il jugera le monde avec justice,
     et les peuples selon sa vérité !

DANS L’ATTENTE DU JOUR OÙ L’HUMANITÉ RECONNAÎTRA SON SEIGNEUR

C’est trop dommage de ne lire que quelques versets de ce merveilleux psaume 95/96 (la lecture liturgique ne nous en offre que sept) ; nous l’avons donc transcrit  en entier. Une espèce de frémissement, d’exaltation court sous tous ces versets. Pourquoi est-on tout vibrants ? Alors que, pourtant, on chante ce psaume dans le Temple de Jérusalem dans une période qui n’a rien d’exaltant ! Mais c’est la foi qui fait vibrer ce peuple, ou plutôt c’est l’espérance… qui est la joie de la foi… l’espérance qui permet d’affirmer avec certitude ce qu’on ne possède pas encore.

Car on est en pleine anticipation : le psaume nous transporte déjà à la fin du monde, en ce jour béni où tous les peuples sans exception reconnaîtront Dieu comme le seul Dieu. Le jour, où enfin l’humanité tout entière aura mis sa confiance en lui seul. Imaginons un peu cette scène que nous décrit le psaume : nous sommes à  Jérusalem… et plus précisément dans le Temple ; tous les peuples, toutes les nations, toutes les races se pressent aux abords du Temple, l’esplanade grouille de monde, les marches du parvis du Temple sont noires de monde, la ville de Jérusalem n’y suffit pas… aussi loin que porte le regard, les foules affluent… il en vient de partout, il en vient du bout du monde. Et toute cette foule immense chante à pleine gorge, c’est une symphonie ; que chantent-ils ? « Dieu règne ! » C’est une clameur immense, superbe, gigantesque… Une clameur qui ressemble à l’ovation qu’on faisait à chaque nouveau roi le jour de son sacre, mais cette fois, ce n’est pas le peuple d’Israël qui acclame un roi de la terre, c’est l’humanité tout entière qui acclame le roi du monde : « Il est grand, le SEIGNEUR, hautement loué, redoutable » (toutes ces expressions sont empruntées au vocabulaire de cour »).

En fait, c’est beaucoup plus encore que l’humanité : la terre elle-même en tremble. Et voilà que les mers aussi entrent dans la symphonie : on dirait qu’elles mugissent. Et les campagnes entrent dans la fête, les arbres dansent. A-t-on déjà vu des arbres danser ? Et bien oui, ce jour-là ils dansent ! Bien sûr, si on y réfléchit, c’est normal ! Les mers sont moins bêtes que les hommes ! Elles, elles savent qui les a faites, qui est leur créateur ! Elles mugissent pour Lui, elles l’acclament à leur manière. Les arbres des forêts, eux aussi, sont moins bêtes que les hommes : ils  savent reconnaître leur créateur : parmi des tas d’idoles, de faux dieux, pas d’erreur possible, les arbres ne s’y laissent pas prendre.

PROCLAMER LA BONNE NOUVELLE SUR TOUS LES TOITS

Les hommes, eux, se sont laissé berner longtemps… Il suffit de se rappeler le combat des prophètes contre l’idolâtrie au long des siècles ! On entend ici cette même pointe contre l’idolâtrie « néant les dieux des nations ». Il est incroyable que les hommes aient mis si longtemps à reconnaître leur Créateur, leur Père… qu’il ait fallu leur redire cent fois cette évidence que le Seigneur est « redoutable au-dessus de tous les dieux » ; que « c’est LUI, le SEIGNEUR, (sous-entendu « et personne d’autre ») qui a fait les cieux ».

Mais cette fois c’est arrivé ! Et on vient à Jérusalem pour acclamer Dieu parce qu’enfin on a entendu la bonne nouvelle ; et si on a pu l’entendre c’est parce qu’elle était clamée à nos oreilles depuis des siècles ! Oui, « de jour en jour, Israël avait proclamé son salut »… de jour en jour Israël avait raconté l’œuvre de Dieu, ses merveilles, traduisez son œuvre incessante de libération… de jour en jour Israël avait témoigné que Dieu l’avait libéré de l’Égypte d’abord, puis de toutes les sortes d’esclavage : et le plus terrible des esclavages, c’est de se tromper de Dieu, c’est de mettre sa confiance dans de fausses valeurs, des faux dieux qui ne peuvent que décevoir, des idoles…

Israël a cette chance immense, cet honneur inouï, ce bonheur de savoir et d’être chargé de dire que le SEIGNEUR notre Dieu, l’Éternel  est le seul Dieu, est le Dieu UN ; comme le dit la profession de foi juive, le « shema Israël » : « Écoute Israël, le SEIGNEUR ton Dieu est le SEIGNEUR UN ». C’est le mystère de la vocation d’Israël dont on n’a pas fini de s’émerveiller ; comme le dit le livre du Deutéronome : « À toi, il t’a été donné de voir, pour que tu saches que c’est le SEIGNEUR qui est Dieu : il n’y en a pas d’autre que lui. » Mais le peuple choisi n’a jamais oublié que s’il lui a été donné de voir, c’est pour qu’il le fasse savoir.

Et alors, enfin, la bonne nouvelle a été entendue jusqu’aux extrémités de la terre… et tous se pressent pour entrer dans la Maison de leur Père. Nous sommes là en pleine anticipation ! En attendant que ce rêve se réalise, le peuple d’Israël fait retentir ce psaume pour renouveler sa foi et son espérance, pour puiser la force de faire entendre la bonne nouvelle dont il est chargé.

Commentaires, par Marie-Noëlle Thabut, de ce texte de Luc, complété par les versets 36 à 40 que nous reproduisons ci-dessous (voir ses commentaires de la fête de la Sainte-Famille, année B).

—————-

ÉVANGILE DE JÉSUS-CHRIST SELON SAINT LUC  2,22-40

22 Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
[…]
     les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »
36 Il y avait aussi une femme prophète,
     Anne, fille de Phanuel, de la tribu d’Aser.
37 Elle était très avancée en âge ;
     après sept ans de mariage,
     demeurée veuve
     elle était arrivée à l’âge de quatre-vingt-quatre ans.
     Elle ne s’éloignait pas du Temple,
     servant Dieu jour et nuit dans le jeûne et la prière.
38 Survenant à cette heure même,
     elle proclamait les louanges de Dieu
     et parlait de l’enfant
     à tous ceux qui attendaient la délivrance de Jérusalem.
39 Lorsqu’ils eurent achevé
     tout ce que prescrivait la loi du Seigneur,
     ils retournèrent en Galilée, dans leur ville de Nazareth.
40 L’enfant, lui, grandissait et se fortifiait,
     rempli de sagesse,
     et la grâce de Dieu était sur lui.
————————————————————————————————————————————–

L’attente du Messie était très vive dans le peuple juif à l’époque de la naissance de Jésus ; tout le monde n’en parlait pas de la même manière, mais l’impatience était partagée par tous. Certains parlaient de la « Consolation d’Israël », comme Syméon, d’autres de la « délivrance de Jérusalem », comme la prophétesse Anne. Certains attendaient un roi, descendant de David, qui chasserait les occupants, les représentants du pouvoir romain. D’autres attendaient un Messie tout différent : Isaïe l’avait longuement décrit et il l’appelait « le Serviteur de Dieu ».

JÉSUS, LE MESSIE SERVITEUR ANNONCÉ PAR ISAÏE

À ceux qui attendaient un roi, les récits de l’Annonciation et de la Nativité ont montré que Jésus était bien celui qu’ils attendaient. Par exemple, l’ange avait annoncé à Marie : « Le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David son père ; il régnera pour toujours sur la famille de Jacob, et son règne n’aura pas de fin. » C’était étonnant, certainement, pour la jeune fille de Nazareth, mais c’était clair. En revanche, dans le récit de la présentation de Jésus au Temple, il n’est rien dit de cette facette de la personnalité de l’enfant qui vient de naître. Et d’ailleurs, le petit garçon qui entre au Temple dans les bras de ses parents est né, non pas dans un palais royal, mais dans une famille modeste et dans des conditions bien précaires.

Il semble que Luc, ici, nous invite plutôt à voir en lui le serviteur annoncé par Isaïe (dans les chapitres 42, 49, 50, et 52-53). Rappelons-nous comment le prophète le présentait : « Voici mon serviteur que je soutiens, mon élu qui a toute ma faveur… » (Is 42,1)… « J’étais encore dans le sein maternel quand le SEIGNEUR m’a appelé, j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom » (Is 49,1 )… « Chaque matin, il (le SEIGNEUR) éveille, il éveille mon oreille, pour qu’en disciple, j’écoute ; le SEIGNEUR mon Dieu m’a ouvert l’oreille… » (Is 50,4-5). C’est une manière de dire que ce serviteur était très docile à la parole de Dieu ; et il avait reçu pour vocation d’apporter le salut au monde entier. Isaïe disait : « Je fais de toi l’alliance du peuple, la lumière des nations » (Is 42,6)… « Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre » (Is 49,6). Ce qui prouve qu’à l’époque d’Isaïe, on avait déjà bien compris que le projet d’amour et de salut de Dieu concerne toute l’humanité et pas seulement le peuple d’Israël.

Enfin, le prophète ne cachait pas le sort terrible qui attendait ce sauveur : il accomplissait sa mission et par lui l’humanité était sauvée, mais parce que sa parole était jugée trop dérangeante, il était maltraité, méprisé, persécuté. Isaïe disait : « J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. » (Is 50,6).

SA VIE DONNÉE POUR LE SALUT DES HOMMES

Apparemment, sous l’inspiration de l’Esprit-Saint, et parce qu’il connaissait parfaitement les prophéties d’Isaïe, Syméon a tout de suite compris que l’enfant était ce Serviteur annoncé par le prophète. Il a pressenti le destin douloureux de Jésus dont la parole inspirée devait être refusée par la majorité de ses contemporains : il dit à Marie : « Voici que cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction – Et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – : ainsi seront dévoilées les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »

Mais Syméon a compris également que l’heure du salut de toute l’humanité venait de sonner : « Maintenant, ô Maître souverain, tu peux laisser ton serviteur s’en aller en paix, selon ta parole. Car mes yeux ont vu le salut, que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations et donne gloire à ton peuple Israël. »

Consolation d’Israël, délivrance de Jérusalem, Serviteur, cet enfant était bien le Messie qu’on attendait, c’est-à-dire celui qui apporte le Salut ; comme le disait encore le prophète Isaïe (chapitre 53) : « Par lui ce qui plaît au SEIGNEUR réussira. » (Is 53, 10). Or, depuis Abraham, on sait que la volonté du Seigneur, c’est le salut de toutes les familles de la terre.

Évangile

« Lumière qui se révèle aux nations »

Alléluia, Alléluia.
Lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël.
Alléluia. (Lc 2, 32)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (2, 22-35).

22 Quand fut accompli le temps prescrit par la loi de Moïse
pour la purification,
les parents de Jésus l’amenèrent à Jérusalem
pour le présenter au Seigneur,
23 selon ce qui est écrit dans la Loi :
Tout premier-né de sexe masculin
sera consacré au Seigneur.
24 Ils venaient aussi offrir
le sacrifice prescrit par la loi du Seigneur :
un couple de tourterelles
ou deux petites colombes.

25 Or, il y avait à Jérusalem un homme appelé Syméon.
C’était un homme juste et religieux,
qui attendait la Consolation d’Israël,
et l’Esprit Saint était sur lui.
26 Il avait reçu de l’Esprit Saint l’annonce
qu’il ne verrait pas la mort
avant d’avoir vu le Christ, le Messie du Seigneur.
27 Sous l’action de l’Esprit, Syméon vint au Temple.
Au moment où les parents présentaient l’enfant Jésus
pour se conformer au rite de la Loi qui le concernait,
28 Syméon reçut l’enfant dans ses bras,
et il bénit Dieu en disant :
29 « Maintenant, ô Maître souverain,
tu peux laisser ton serviteur s’en aller
en paix, selon ta parole.
30 Car mes yeux ont vu le salut
31 que tu préparais à la face des peuples :
32 lumière qui se révèle aux nations
et donne gloire à ton peuple Israël. »
33 Le père et la mère de l’enfant
s’étonnaient de ce qui était dit de lui.
34 Syméon les bénit,
puis il dit à Marie sa mère :
« Voici que cet enfant
provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël.
Il sera un signe de contradiction
35 – et toi, ton âme sera traversée d’un glaive – :
ainsi seront dévoilées
les pensées qui viennent du cœur d’un grand nombre. »

Fichier audio des lectures du jour, suivies d’un commentaire de 4′ 52 » à 7′ 10 » – Merci à « Évangile et Parole du jour – Cathoglad » !

Prédication du père Michel-Marie Zanotti-Sorkine.

Commentaires du père Hervé-Marie Hignard.

Commentaire Youpray par le frère Thibaut du Pontavice.

Homélie du jour à la basilique Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille.

Homélie de la messe du jour à Notre-Dame-du-Laus.

Homélie du jour, à Notre-Dame de Paris.

Homélie de la messe du jour à Lourdes.

Commentaire de Thierry Jallas.

Comme d’habitude, j’essaie de faire le lien entre les Écritures et la DSÉ (Doctrine Sociale de l’Église), notamment le principe personnaliste. Pour rappel, une formulation de celui-ci se trouve à l’article 135 du Compendium (de la DSÉ) :
« L’homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image. […] La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. »

Je vois que la première lecture évoque 2 des 4 valeurs de la DSÉ : la VÉRITÉ (« Celui qui […] est un menteur : la vérité n’est pas en lui. ») et l’AMOUR (« Mais en celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection… », « Bien-aimés, … », « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière… »Celui qui a de la haine contre son frère est dans les ténèbres… ».
Cette lecture par le aussi de la LUMIÈRE (« … en effet, les ténèbres passent et déjà brille la vraie lumière. », « Celui qui déclare être dans la lumière et […] est dans les ténèbres… », « Celui qui aime son frère demeure dans la lumière… », « Mais celui qui […] est dans les ténèbres : il marche dans les ténèbres sans savoir où il va, parce que les ténèbres ont aveuglé ses yeux. ») ; le mot « commandement », cité 4 fois, n’évoque pas, comme aujourd’hui, un ordre, une injonction, une règle coercitive, mais un enseignement) qui éclaire la CONSCIENCE, condition indispensable pour accéder à la LIBERTÉ (comme l’explique le principe personnaliste).

De l’évangile du jour, je retiens surtout ce passage, à partir du verset 30 :  « Car mes yeux ont vu le salut que tu préparais à la face des peuples : lumière qui se révèle aux nations… ». Oui, je crois que le Christ est, par son enseignement et son exemple, celui apporte au monde la lumière éclairant la CONSCIENCE de chacun sur ce qui apporte le bonheur et ce qui apporte le malheur, sur ce qui fait du bien (à autrui et soi-même) et ce qui fait du mal. C’est ainsi qu’il nous SAUVE, c’est-à-dire nous permet d’accéder à la LIBERTÉ, intérieure et extérieure.

Méditation d’Étienne Tarneaud . Je vous invite à vous abonner gratuitement à ses méditations sur WhatsApp (le contacter au 06 20 14 00 33), pour vous assurer d’en disposer tôt le jour-même.

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