Ce dimanche 10 avril 2022 va avoir lieu le premier tour de l’élection présidentielle en France. Président de Syndicatho, je me propose ici de commenter cette élection, à la lumière de la doctrine sociale (la DSÉ, ou Doctrine Sociale de l’Église)
qui inspire notre syndicat.
Il ne s’agit que d’une opinion
personnelle : je ne prétends en aucune façon détenir la vérité et j’ai le plus grand respect pour toute opinion différente.
Le principe de base de cette doctrine, le principe personnaliste, indique que « L’homme ne peut tendre au bien que dans la liberté (que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image) » (article 135 du Compendium de la DSÉ). Et il ajoute, au même article, « La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle, et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure. »
Il y a un certain nombre d’années, j’ai pris conscience que mon bulletin de vote était parfaitement inutile pour déterminer le gagnant d’une élection présidentielle ou législative. Autrement dit, que je vote ou que je ne vote pas, que je vote pour Marie, Pierre ou Paul n’avait jamais aucune incidence sur le résultat. Dans ces conditions, j’ai arrêté de voter, et aucun argument ne m’a convaincu de revenir sur cette décision. Je crois que, s’il existe encore une majorité de personnes qui votent, c’est parce qu’elles ont été conditionnées (je n’y ai pas échappé !) depuis leur adolescence pour croire que voter est véritablement un droit utile, appréciable, voire un devoir de citoyen.
La caractéristique d’un président de la République ou de députés est que leurs décisions sont imposées, par la contrainte, à la population qu’ils sont censés représenter ou diriger. L’usage de la coercition me semble contradictoire avec le respect du principe personnaliste évoqué plus haut. Le refus, par celui-ci, de la contrainte, est confirmé au paragraphe 155 du Compendium : « Tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit ». Et l’article 421 du même Compendium enfonce le clou : « La société et l’État ne doivent pas contraindre une personne à agir contre sa conscience, ni l’empêcher d’agir en conformité à celle-ci ».
Élection après élection, je n’ai jamais entendu le moindre candidat s’engager à cesser, s’il était élu, de recourir à la contrainte. J’y vois une certaine logique : je crois en effet que la plupart, voire la totalité des candidats sont victimes d’une addiction au pouvoir : imaginer qu’ils puissent renoncer à la contrainte relève, à mon avis, du fantasme.
Je vois le “droit de vote” comme un hochet, un mirage, avec lequel le pouvoir politique nous amuse: alors qu’il piétine sans vergogne nos droits naturels (vie, liberté, propriété), qui ont une vraie consistance, il prétend nous accorder un droit de vote qui, comme vu plus haut, n’en a aucune.
Cette analyse renforce ma détermination à ne pas voter. Certains pourraient me dire «Comment voulez-vous que les choses changent si vous ne votez pas ?» Je leur répondrais que les choses ne pourront changer que lorsqu’une large majorité de la population aura pris conscience de l’illégitimité et de la nocivité de l’usage de la contrainte par le pouvoir politique. Et je les inviterais à réfléchir à la question suivante : les différents drames, les différentes crises que nous vivons, comme les guerres (en Ukraine, par exemple), la crise du Covid-19, la crise des Gilets-Jaunes ou celle des subprimes, ne sont-elles pas causées par l’intervention contraignante des dirigeants politiques dans la vie économique et sociale ?
Thierry Jallas
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