“Respect du droit d’expression”
“Exprimer” vient du latin “ex” (en dehors) et “premere” (pousser, presser). Lorsque je m’exprime, je pousse dehors ce qui est en moi, ce qui m’appartient et que je suis seul au monde à être légitime à dire. C’est ce que Jean-Jacques Crèvecœur appelle “ma réalité” et qu’il décompose en 3 groupes :
- ce que je fais (mes actions) ;
- ce que je ressens (mes émotions, mes sentiments, mes sensations) ;
- le reste : ce que je pense, ce que je crois, ce que je sais, ce que j’imagine, ce que je veux, ce que je crains, ce que je me remémore, ce que j’envisage, etc.
Je ne dois pas confondre ce que l’autre dit (ou exprime) et ce que j’entends : il y a toujours une différence, plus ou moins grande, entre les deux. De même, je ne dois pas confondre ce que l’autre fait et ce que je le vois faire.
Pour bien comprendre ceci, je vous propose :
- l’image d’un tube de dentifrice. Lorsque je presse celui-ci, il sort une sorte de boudin blanc, très régulier, bordé de traits colorés. Si celui qui regarde sortir le dentifrice confond ce qu’il voit avec ce qui est exprimé, il ne va pas réaliser qu’à l’intérieur du tube, ce qui est exprimé, c’est une pâte blanche informe et non colorée (la couleur et la forme sont données par le goulot, au moment de l’expression).
Pour limiter le risque de mauvaise interprétation de ce que nos sens ont perçu de l’autre, nous sommes invités à reformuler ce que nous avons compris de son expression : ” J’ai compris que, par tes propos (ou tes actes), tu exprimais ceci ou cela. T’ai-je bien compris ?”
Il est à noter que, de la même façon qu’il est impossible de vider intégralement le tube, il nous est impossible d’exprimer la totalité des informations que nous avons en nous, quel que soit le sujet que nous abordons.