Voici quelques réflexions personnelles sur les élections politiques, en cette période d’élections législatives et peu après les élections européennes.
Comme d’habitude, je précise que les propos qui suivent n’engagent que moi : il s’agit d’opinions, et non de jugements.
Je ne prétends pas connaître la vérité, je n’ai pas mangé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal.
J’ai un infini respect pour des opinions différentes, voire opposées, même si je ne les partage pas.
Ma première réflexion, c’est que l’idée selon laquelle le droit de vote permettrait à chaque citoyen majeur de désigner ses représentants pour gouverner son pays est un mensonge.
Cette idée me semble contraire à la vérité, une des 4 valeurs de la DSÉ (Doctrine Sociale de l’Église).
Il m’a fallu au moins une vingtaine d’années pour réaliser que mon vote, aux européennes, aux présidentielles, aux législatives, aux régionales, aux cantonales ou aux municipales n’avait strictement aucune incidence sur le résultat, c’est à dire sur l’identité de la (des) personne(s) élue(s).
Pour qu’il en soit autrement, il aurait fallu que l’un des candidats ou l’une des listes arrivé(e)s en tête recueille au plus une voix de moins que l’autre, ce qui ne s’est jamais produit
Je crois que la population en général en a plus ou moins conscience, puisque environ la moitié du corps électoral opte pour l’abstention.
Je me souviens que mes parents, qui avaient une maison de vacances dans un petit village ardéchois, s’étaient inscrits sur les listes électorales dudit village, où leur voix “avait plus de poids relatif” que dans la ville d’Île-de-France où était leur résidence principale. Chaque weekend d’élections, ils faisaient en voiture 550 km environ pour aller voter, puis à nouveau 550 km pour revenir. C’était la même chose pour mes beaux-parents, qui n’avaient, eux, que 300 km au plus à parcourir dans chaque sens pour aller voter dans le Poitou. Sans le moindre effet sur le résultat, bien entendu.
Cette idée nous semble très difficile à accepter, victimes que nous sommes, je crois, du conditionnement opéré par les dirigeants politiques et les médias à leur service.
Ma réflexion suivante est que le problème ne vient pas de la (des) personne(s) élue(s), mais de la légitimité qui lui (leur) est reconnue de recourir ensuite à la contrainte.
Or cette contrainte me semble absolument opposée à une valeur essentielle de la République et de la DSÉ (la liberté), ainsi qu’au principes de la DSÉ, comme le principe personnaliste
« L’homme ne peut tendre au bien que dans la liberté que Dieu lui a donnée comme signe sublime de son image (…) La dignité de l’homme exige donc de lui qu’il agisse selon un choix conscient et libre, mû et déterminé par une conviction personnelle et non sous le seul effet de poussées instinctives ou d’une contrainte extérieure » (Comp., 135).
« Tous les hommes doivent être soustraits à toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit … » (Comp., 155).
« La société et l’État ne doivent pas contraindre une personne à agir contre sa conscience, ni l’empêcher d’agir en conformité à celle-ci » (Comp., 421).
ou le principe de subsidiarité :
« De même qu’on ne peut enlever aux particuliers, pour les transférer à la communauté, les attributions dont ils sont capables de s’acquitter de leur seule initiative et par leurs propres moyens, ainsi ce serait commettre une injustice, en même temps que troubler d’une manière très dommageable l’ordre social, que de retirer aux groupements d’ordre inférieur, pour les confier à une collectivité plus vaste et d’un rang plus élevé, les fonctions qu’ils sont en mesure de remplir eux-mêmes » (Comp., 186).
Je crois n’avoir jamais entendu ou lu un candidat ou une liste s’engager à ne plus recourir à la contrainte, s’il (elle) était élue(e).
Thierry Jallas, président de Syndicatho.