- ce que je fais (mes actions) ;
- ce que je ressens (mes émotions, mes sentiments, mes sensations) ;
- le reste : ce que je pense, ce que je crois, ce que je sais, ce que j’imagine, ce que je veux, ce que je crains, ce que je me remémore, ce que j’envisage, etc.
- l’image d’un tube de dentifrice. Lorsque je presse celui-ci, il sort une sorte de boudin blanc, très régulier, bordé de traits colorés. Si celui qui regarde sortir le dentifrice confond ce qu’il voit avec ce qui est exprimé, il ne va pas réaliser qu’à l’intérieur du tube, ce qui est exprimé, c’est une pâte blanche informe et non colorée (la couleur et la forme sont données par le goulot, au moment de l’expression). Pour limiter le risque de mauvaise interprétation de ce que nos sens ont perçu de l’autre, nous sommes invités à reformuler ce que nous avons compris de son expression : ” J’ai compris que, par tes propos (ou tes actes), tu exprimais ceci ou cela. T’ai-je bien compris ?” Il est à noter que, de la même façon qu’il est impossible de vider intégralement le tube, il nous est impossible d’exprimer la totalité des informations que nous avons en nous, quel que soit le sujet que nous abordons.
- Une parabole inspirée de la fable des casseurs de pierres. Un homme visite un chantier et voit trois ouvriers effectuer le même travail. À la question “Que faites-vous?”, le premier répond “Je donne des coups de burin dans un bloc de pierre, le deuxième “Je sculpte une statue” et le troisième “Je bâtis une cathédrale”. Cette parabole indique que seul celui qui fait sait ce qu’il fait, c’est à dire quel sens il donne à son action. Elle montre également que, par nos actes, nous manifestons notre singularité, notre personnalité : ici, chaque sculpteur de pierre a certainement un style personnel qui rendra son œuvre différente de celle de tout autre sculpteur.
- Une image à “double sens”.
Chacun d’entre nous dispose de droits “naturels” (c’est à dire qu’il tient de la nature, et non pas d’une quelconque loi humaine). Parmi ceux-ci, le “droit d’expression”. Comme le droit de propriété, c’est un droit exclusif : personne n’a le droit de s’exprimer en mon nom, sauf si je lui ai donné mandat pour ça. Lorsque j’émets des paroles telles que “Tu as dit que…”, “Tu fais ceci…” ou “Tu crois que cela…”, je ne respecte pas mon interlocuteur puisque je viole son droit d’expression. C’est pourquoi il me semble préférable de remplacer ces paroles par “Je t’ai entendu dire que..”, “Je te vois faire ceci…”, “J’ai compris que tu crois que cela…” : ainsi, j’utilise MON droit d’expression et non pas celui d’autrui. Ceci me permet de ne pas rentrer dans ce que Jacques Salomé appelle “relation klaxon” (tu,tu, tu…), qu’il expose dans plusieurs de ses livres, dont l’excellent “Heureux qui communique“, illustré par Françoise Malnuit.
Bien entendu, il n’est pas déconseillé d’utiliser le “il” impersonnel, comme je le fais dans la présente phrase. Il est, en revanche, tout aussi irrespectueux du droit d’expression d’utiliser le “il”, “elle”, “vous”, “ils” ou “elles” personnels que le “tu”, dans une phrase affirmative. C’est souvent la même chose pour le “on” ou le “nous” : “on s’en fiche ! ” est souvent utilisé pour couper la parole à une personne, au milieu d’un groupe, en se faisant le porte-parole des autres membres du groupe sans même leur avoir demandé leur avis.
J’admets que l’utilisation de pronoms personnels autres que “je” est souvent commode et qu’il serait trop lourd, pour ne pas dire ridicule de faire systématiquement précéder des paroles telles que “ils sont partis en voyage”, “il va rentrer en 4e” ou “elle se marie dans un mois” par une formule telle que “je sais que”, “j’ai appris que”, “j’ai compris que”, “je crois que”, etc.. J’invite toutefois à être vigilant quant au droit d’expression des personnes et à utiliser une des formules précitées chaque fois que je crois que la personne dont je parle n’aimerait pas m’entendre parler à sa place (même si elle n’est pas physiquement présente).
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